L’anonymat est l’un des principaux fléaux des organisations car il est la source de nombreuses problématiques. Par effet dominos, dans une entreprise où l’anonymat persiste, la convivialité va faire défaut, ce qui empêchera l’instauration d’une bonne ambiance de travail et du sentiment d’appartenance. Plus grave, l’anonymat engendre du mal-être, et peut même participer à l’augmentation du turn-over. Dans cet article, nous allons tenter de comprendre ce qui le cause, pourquoi il faut s’en défaire et comment s’y prendre.

D’où vient l’anonymat ?

Les symptômes de l’anonymat, tout le monde les connaît : peu ou pas de bonjour, peu de sourires aux lèvres, et les fameux silences gênants dans l’ascenseur, coincé avec des collègues inconnus. En somme, on pourrait se croire dans le métro. Mais qu’est-ce qui explique cette situation ?

Et bien plusieurs raisons, la première relevant de la taille de l’organisation. De la même façon qu’on peut se sentir seul au milieu d’une foule, plus il y a de monde dans une entreprise, moins les gens sont intimes. On sait bien que dans un village, chaque habitant se connaît. Alors qu’en ville, la plupart du temps, on ne connait même pas son voisin de palier. Ce paradoxe s’observe en entreprise mais également dans toutes les organisations où il y a du monde : espaces de coworking, associations, universités…

Toutefois, le grand nombre de personnes n’est pas seul responsable de l’anonymat. Des départements de grands groupes ou des entreprises de taille moyenne en souffrent parfois également. En cause alors, une culture d’entreprise trop rigide, et peu propice à la convivialité. Ainsi, dans un immeuble parisien, on compte peu d’habitants. Pourtant, si une copropriété n’organise jamais de rencontres, les quelques voisins auront parfois du mal à briser la glace. Idem dans une entreprise qui ne prend pas le soin de bien accueillir et intégrer ses nouveaux, pour lesquels faire des rencontres peut s’avérer le parcours du combattant.

Inversement, dans une certaine mesure, des départs trop nombreux ou trop fréquents peuvent également engendrer de l’anonymat. Nouer des relations est un travail de long-terme, et devoir perpétuellement reconstruire son château de cartes relationnel n’est pas des plus aisés.

Enfin, parfois, de simples éléments d’ordre structurel, tel que l’aménagement des espaces de travail - cloisonnés, sur plusieurs étages, voire dans plusieurs immeubles - contribue à faire durer l’anonymat. L’illustration extrême est peut-être celle des cabinets de consultants, dont les membres sont répartis chez différents clients et n’ont donc pas même l’occasion de simplement se croiser.

Pour finir, un mode de management encore trop pyramidal et des équipes peu transverses participent aussi à l’éclatement de l’organisation en petits groupes qui ne se mélangent pas.

Pourquoi vouloir combattre l’anonymat ?

Pourtant, on aurait toutes les raisons de vouloir supprimer l’anonymat de son organisation, car c’est l’un des principaux facteurs de mal-être au travail, pour ne pas dire le premier. En témoignent les récentes études sur le sujet : désormais ce n’est plus le salaire ou la sécurité de l’emploi qui compte le plus pour les salariés mais l’ambiance de travail, et plus particulièrement les relations entre collègues.

Le baromètre Actinéo réalisé en 2015 auprès de 1 204 salariés français a par exemple fait ressortir que la qualité de vie au travail est, avec l’intérêt pour le poste, l’élément le plus important. Et, parmi les 12 principaux critères de cette qualité de vie, c’est de très loin l’existence de relations entre collègues qui est la plus recherchée.

Cette tendance peut en partie s’expliquer par les aspirations des nouvelles générations. L’étude d’Ipsos réalisée en 2018 auprès de 1 680 étudiants vient de conduire aux mêmes conclusions : l’ambiance et le bien-être au travail arrivent en deuxième position dans le choix du futur métier des étudiants, juste après l’aspect stimulant du poste.

Dernier exemple, l’étude de l’institut Think pour Great Place to Work réalisée en 2013 auprès de 1 000 salariés français avait déjà anticipé que l'entreprise de demain devrait avant toute chose faire “attention au bien-être au travail, au moral et à l’ambiance”.

Comment supprimer l’anonymat ?

De bonnes relations entre collègues sont donc primordiales. Mais pour bien s’entendre, encore faut-il déjà se connaître. Et s’être déjà salué quelques fois dans l’ascenseur n’est pas suffisant ! Il s’agit d’avoir en mémoire un minimum d'informations sur ses collègues, tels que, par exemple, la fonction dans l’organisation, l’ancienneté ou les centres d’intérêt. Les événements types after works, séminaires ou team buildings constituent de bonnes occasions pour créer des échanges et du lien. Néanmoins, ponctuels et brefs, ils ne garantissent pas un brassage efficient de l’organisation, et il y a toujours le risque de retomber dans les mêmes travers que durant les heures de travail : les collaborateurs tendent à se regrouper avec ceux qu’ils connaissent déjà, par service ou par affinité hiérarchique. Comment alors les amener à davantage se décloisonner et surtout, à ouvrir la discussion ?

C’est là que l’entreprise doit apporter un petit coup de pouce, en fournissant aux collaborateurs un moyen de plus se mélanger et un cadre favorable à la proximité. En cela, la méthode du Déjeuner Aléatoire - ou Random Lunch - créée par la startup du même nom, est particulièrement adaptée. En effet, elle permet d’organiser des déjeuners réguliers, par tirage au sort, pour des petits groupes de 4 personnes, le format idéal.

Peu importe la taille ou la culture de l’entreprise, au fil des déjeuners, il va naturellement s’opérer un brassage au sein de l’organisation. Par exemple, lors d’un événement de 500 participants, il y aura 125 groupes de 4, soit 750 nouvelles rencontres. L’aléatoire constitue un excellent vecteur de mélange, puisqu’il s’affranchit des principaux freins à la rencontre que sont la hiérarchie et les préjugés. Par ailleurs, les participants étant réunis en petit comité, la conversation est plus facile à engager. Enfin, la durée du repas encourage des échanges moins superficiels.

L’intérêt d’une telle méthode est qu’elle s’intègre parfaitement au quotidien des salariés, sans interférer avec le temps de travail, contrairement aux team buildings et séminaires. De plus, lorsque les Déjeuners Aléatoires sont récurrents, tels que tous les jeudis, les participants attendent avec impatience le prochain événement, qui structure leur semaine et anime l’entreprise.

Pour finir, un autre bénéfice non négligeable du Déjeuner Aléatoire est qu’il facilite l’intégration des nouveaux. En effet, il permet aux nouveaux entrants de très rapidement rencontrer un grand nombre de leurs collègues, tout en découvrant les différents services de l’entreprise.

Des dizaines d'organisation ont déjà déployé ce concept, telles que des grandes entreprises, des espaces de coworking, ou encore des startups : Groupe Seb, Metro, Humanis, 24 Sèvres, WeWork, etc. Si rompre l’anonymat est l’objectif numéro 1 de tous, d’autres motivations existent en parallèle : améliorer la marque employeur, transmettre la culture d’entreprise ou accompagner le changement (transformation digitale, déménagement, fusion-acquisition…).