Dans son étude « Dormir plus pour travailler mieux ? », le cabinet d’études et de conseil spécialiste de la communication, Occurrence, a voulu s’intéresser au manque de sommeil des Français et des bienfaits potentiels de la sieste au travail.

L’ampleur du déficit de sommeil

Le premier chiffre à apparaître dans cette étude ? 15,6 milliards. Soit le déficit (en heures) de sommeil des Français cumulé sur un an ! Et qui est 20 % plus important chez les femmes.

Il est intéressant de noter les disparités entre les différentes régions. Si l’Ile-de-France est la région accusant le plus grand déficit de sommeil (374 heures par an pour chaque habitant), le Sud-Est (320 heures), le Nord-Ouest (318 heures) et le Sud-Ouest (312 heures) affichent des résultats légèrement équivalents. Finalement, le Nord-Est (264 heures) s’en sort le mieux avec un déficit annuel inférieur de près de 5 jours (110 heures) par rapport à l’agglomération parisienne.

Naturellement, un tel déficit impacte la productivité, la concentration et l’efficacité des salariés. 66 % des actifs se disent ainsi moins concentrés dans leur travail et 64 % se sentent plus irritables. De même, ils sont 51 % à se sentir peu efficaces pendant une partie de la journée. Enfin, les Français, en moyenne, sont efficaces 5,6 heures par jour, sur la base d’une journée de travail de 8h.

Comment remédier à cela ? La sieste au travail pourrait être la formule magique. Le déficit de sommeil serait ainsi diminué de 2 heures et 18 minutes par semaine, soit 9 heures et 12 minutes par mois, soit 5 jours par an.

Quelques motifs d’espoir …

Si la sieste au travail reste encore mineure (et surtout taboue) en France à l'heure actuelle, 31 % des actifs ont quand même avoué y avoir recours. Si elle est principalement pratiquée chez soi, quand le foyer est proche du lieu de travail, elle se pratique également dans les bureaux (personnels ou collectifs), dans les salles de pause, en voiture, dans un parc public ou ... dans les toilettes.

Et c'est justement pour éviter ce dernier cas que quelques entreprises françaises n'hésitent plus aujourd'hui à proposer des espaces de repos aménagés à leurs salariés. Citons l'exemple de Renault qui, depuis décembre 2014, propose à ses collaborateurs des calm spaces, dotés de lits et d’une luminosité configurable, pour une utilisation limitée à 20 minutes. C’est également le cas chez Adidas, en Alsace, et Danone, à Paris, qui proposent des espaces semblables. Heureusement, ces aménagements ne sont pas l’apanage des grands groupes, des PME de moindre taille s’y essaient également. Comme c’est le cas chez RetailMeNot France, en Bretagne, ou chez Colliers International France, à Levallois-Perret.

Pourquoi de telles limitations ?

Contrairement à d’autres pays où la sieste au travail est déjà ancrée comme la Chine, le Japon ou l’Espagne, son blocage peut résider en plusieurs facteurs. Il est essentiellement d’ordre culturel : la sieste n’a jamais fait bonne mine en Hexagone. Elle est souvent associée à “l’enfance, la retraite ou aux congés”. En bref, elle est considérée comme une “perte de temps” et ce, même si plusieurs études sérieuses prouvent son bienfait sur la productivité des salariés.

Rappelons à cet effet, cette citation d’Antoine Mallet, gérant de ColorInside, parue dans Le monde : « En France, quand on veut offrir du bien-être aux salariés, on rajoute une machine à café et on augmente le budget du Comité d’entreprise ».

Regardons également du côté de la loi pour tenter de trouver des explications. Si son interdiction n’est pas clairement précisée, s’y adonner sur son lieu de travail peut être considéré comme une faute grave. En témoigne l’exemple, en 2011, d’un employé sur un chantier faisant, en dehors de ses heures de pause, la sieste dans un véhicule appartenant à l'entreprise. Il a été jugé par la Cour d'Appel de Riom et licencié pour faute grave.

En d’autres termes, une sieste non approuvée par la direction d'une entreprise peut parfaitement constituer un motif de licenciement. Reste donc à l'initiative de l’employeur d’encadrer et de préciser cela dans son règlement intérieur. Rappelons enfin que si cela sous-entends l’interdiction de la sieste dans le lieu de travail, rien ne vous empêchera de la pratiquer en dehors (et durant vos heures de pause) à savoir dans un parc public, dans un bar, en voiture ou… dans les toilettes.