Dans sa 11ème édition du « baromètre du bien-être au travail », l’entreprise de sondage Ipsos s’intéresse aux leviers du bien-être au travail et aux politiques RH susceptibles de l’améliorer. Sur les 15 pays évalués par cette étude, différents profils de pays se distinguent.

Comment mesurer le bien-être au travail ?

Sur les 14 000 salariés interrogés, il ressort 3 piliers capables de mesurer leur bien-être : le cadre de travail, l’émotion et l’attention. Le premier pilier comprend d’une part les équipements et les moyens matériels dont le salarié bénéficie. D’autre part, il englobe l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, la définition précise du rôle du salarié et la possibilité de compter sur ses collègues en cas de difficulté.
L’attention est définie par la considération et l’intérêt portés par la hiérarchie envers le collaborateur, ses compétences et ses formations. Quant à l’émotion, elle reflète le plaisir éprouvé par le salarié à aller au travail quotidiennement, l’intérêt vis-à-vis de son poste, son environnement du travail et son appréhension pour son avenir professionnel. Elle englobe donc le ressentiment quotidien de l’employé.
Globalement, les employés sont plus satisfaits par le cadre du travail. Ils sont ainsi 86 % à apprécier la clarté de leur poste. 78 % et 77 % apprécient respectivement la collaboration avec leurs collègues et les moyens matériels dont ils disposent. En revanche, les deux autres piliers (émotion et attention) affichent des résultats plus bas. Ils ne sont, par exemple, que 61 % à considérer que leur environnement de travail est stimulant. Même taux pour l’intérêt porté par la hiérarchie. Enfin, 65 % s’estiment confiants quant à leur avenir professionnel.

Quels pays se distinguent ?

L’Inde est le pays affichant le meilleur taux de satisfaction (88 %), alors que le Japon est le dernier avec 44 %. L’Inde est suivie par les différents pays d’Amérique : le Mexique (81 %), les États-Unis, le Chili et le Brésil (77 % pour chacun des trois derniers). L’Europe occupe les places restantes, entrecoupée par la Chine à la 8ème place avec 71 %. L’Allemagne (74 %) et le Royaume-Uni (71 %) affichent alors les meilleurs scores européens, à l’inverse de l’Italie (63 %) et de la Turquie (65 %).
Une analyse statistique a permis de faire ressortir 4 profils de pays. Le premier regroupe des pays occupant les meilleures places du classement (l’Inde, le Brésil, le Mexique et le Chili). Si ces pays affichent d’excellents résultats pour les 3 leviers à la fois, une importance particulière est accordée à l’attention. A contrario, le second profil privilégie le cadre du travail au détriment de l’attention et de l’émotion. On y retrouve les 3 derniers pays (Japon, Italie et Turquie), en plus de la Chine et de la Pologne.
Au milieu, deux profils affichent des résultats plus équilibrés. L’un accuse un déficit d’émotion (les États-Unis, l’Espagne et le Royaume-Uni) tandis que l’autre souffre d’un manque d’attention (l’Allemagne, la Belgique et la France).
Pourquoi de telles disparités ? Les biais culturels et le contexte économique local sont deux éléments cités par le rapport pouvant expliquer de telles différences.

Quelles politiques RH faut-il mener ? Et pour quels pays ?

90 % des employées en Inde considèrent que leur entreprise mène des politiques actives autour du bien-être au travail. Là-aussi, on retrouve les États-Unis (82 %) et le Mexique (80 %) dans le haut du classement. Et si le Japon (55 %) reste également dernier, il est cette fois précédé par la Chine (57 %) et la France (58 %).
Parmi ces politiques RH, la « transmission et le renouvellement des compétences » est jugée comme celle impactant le plus le bien-être au travail, suivie par la « gestion des séniors », la « flexibilité dans l’organisation du temps de travail » et « la santé au travail ». En revanche, « l’intégration des jeunes » et « la prise en compte de la diversité des collaborateurs » sont vues comme étant les moins influentes.
Paradoxalement, les entreprises mènent davantage de politiques actives dans les leviers les moins importants et négligent les plus influents. Ils sont ainsi 81 % à estimer que la politique RH menée par leur entreprise favorise « la prise en compte de la diversité des collaborateurs » et 76 % pour « l’intégration des jeunes ». En revanche, seuls 64 % et 68 % sont respectivement satisfaits de la politique concernant la « transmission et le renouvellement des compétences » et la « gestion des séniors ».
Cette fois-ci, 2 profils de pays se différencient. Un premier groupe comprenant la France, le Chili, la Belgique, la Pologne et le Royaume-Uni mène des politiques RH focalisées sur « l’intégration des jeunes » et « la prise en compte de la diversité des collaborateurs au détriment de la « gestion des fins de carrières » et des « développements de compétences ». Un second groupe comprenant les autres pays (exceptés le Brésil et le Japon) mène une politique inverse.

Le cas de la France

Globalement, 67 % des salariés français semblent satisfaits de leur bien-être au travail. Ce qui classe la France au 12ème rang (sur 15), ne dépassant que le Japon (44 %), l’Italie (63 %) et la Turquie (65 %). La France fait ainsi partie des pays souffrant d’un manque d’attention. Ainsi, 55% considèrent que leur hiérarchie se soucie de leurs formations et de leurs compétences, alors que la moyenne globale est de 61 % pour ce levier. Rappelons également que seuls 58 % estiment que leur entreprise mène une politique axée sur le bien-être au travail (13ème rang sur 15).
Pour expliquer ces résultats, Ipsos a constaté que seuls 38 % des français interrogés ont indiqué avoir confiance dans l’avenir de la France (contre une moyenne de 54 % pour les autres pays). Le pouvoir d’achat (56 % d’insatisfaits), le salaire (47 %) et le maintien de l’emploi (33 %) justifient également ces résultats. Enfin, ils estiment que la santé au travail (43 %), les transports (40 %) et la restauration lors de la pause-déjeuner (36%) doivent être traités en priorité pour améliorer leur bien-être au travail.