Que signifie concrètement le « sens au travail » ? Le travail a-t-il un sens ? Quelle est la relation entre le sens et les performances au travail ? Telles sont les questions à laquelle la récente étude intitulée « Sens au travail ou sens interdit ? » tente d’apporter des réponses. Elle a été conjointement menée par Deloitte et Viadeo auprès de 2000 personnes et publiée en décembre 2017. Ses principales conclusions sont présentées ici.

Le sens au travail est subjectif

La notion du « sens » est subjective. Certains le voient comme une pratique managériale ou une visée institutionnelle. Il représenterait alors une direction, une finalité ou une vision. Tandis que d’autres y voient un processus individuel, car associé à la trajectoire professionnelle, à la vie familiale et à l’environnement social.

A travers la question « Pourquoi travaillons-nous ? », cette étude a recueilli les différents verbatims utilisés pour définir le sens au travail : respect des valeurs, utilité du travail, éthique, objectifs clairs dans une stratégie définie, compréhension des missions, contribution à quelque chose de plus grand que soi, accès à l’information et pouvoir questionner.

Pour 29% des personnes interrogées, le sens au travail est ainsi relié à l’activité réelle. 26% pensent qu’il est lié aux valeurs de l’organisation. Même taux s'agissant de la coopération et du travail d’équipe. En revanche, ils ne sont que 12 % à estimer qu’il est lié au métier exercé, 5% au secteur d’activité et seulement 2% pour le produit vendu.

Peut-on donner un sens au travail ?

Comme le rappelle cette étude « Le travail aujourd’hui est synonyme d’argent, […]

Seul le vrai artiste ou le passionné peut donner un sens à son travail ». Ainsi, 59 % des non-cadres seulement perçoivent l’importance donnée au sens au travail dans leur propre organisation, contre 75% pour les cadres dirigeants. Ce qui montre la corrélation entre l’autonomie et la capacité d’agir sur le sens qu’on peut donner au travail.

En considérant le travail au sens large (travail domestique, travail bénévole, travail associatif, etc.), 81 % ont estimé qu’il était une source d’épanouissement et 83% le voit comme une source de fierté. Toutefois, si le rapport entre les objectifs qu’on doit atteindre et ce qui compte pour soi disparaît, alors la perte de sens désaffecte l’activité. On peut alors « être en activité sans se sentir actif ». C’est le cas, par exemple, quand une personne réalise un travail dont la qualité n’est pas satisfaisante pour lui par manque de temps ou de moyens.

A contrario, 55% des personnes considèrent que le sens au travail s’est dégradé. Le manque de reconnaissance (43%), la relation managériale (35%), l’ambiance de travail (33%) et le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle (25%) sont ainsi des éléments pouvant engendrer une perte de sens au travail.

Le sens au travail comme enjeu majeur

Et si le sens au travail ne se perd pas, peut-on penser que sa préservation a un impact direct sur la capacité à s’engager ? 82 % ont ainsi estimé que la performance et le sens étaient liés. Il est d’ailleurs intéressant de noter que de nombreuses organisations ont tenté de nouvelles modalités d’organisation du travail durant ces 10 dernières années en agissant sur l’autonomie, en replaçant les opérateurs au cœur de la qualité du travail et en donnant plus de responsabilités et de liberté, parfois avec succès.

Le sens au travail est devenu aujourd’hui un enjeu majeur en termes d’engagement et de motivation des salariés. L’essentiel n’est pas tant d’apporter des réponses définitives à la question du sens au travail, mais de pouvoir proposer des espaces permettant de se poser la question pour en faire un objet de travail au sein des organisations. Le but étant de permettre à chacun de construire le sens qu’il donne à son travail. Ce qui améliorera à la fois le fonctionnement des collectifs et la performance des organisations.